Grottes Mogao 莫高窟, Dunhuang 炖煌, Gansu 甘肃 : Histoire
Les Grottes Mogao 莫高窟, également connues sous le nom de «Grottes des Mille Bouddhas» 千佛洞 et considérées comme «une perle scintillante qui orne la Route de la Soie», sont les plus célèbres grottes bouddhistes de Chine. Situées à 15 km au sud-est de Dunhuang 炖煌, ces grottes sont creusées dans des falaises de grès.
Les 492 grottes actuelles, étalées sur une distance d'environ 1000 mètres, ont été construites sous 10 dynasties différentes, du IVème au XIVème siècle. Les 45 000 mètres carrés de peintures murales et les plus de 2000 statues de couleur sont considérées comme le plus grand trésor de l'art bouddhique existant dans le monde.
La première grotte a été ciselée en 366 après JC. Selon un livre écrit par Li Junxiu 李君修, sous le règne de l'impératrice Wu Zetian 佛龕記, "Un récit des sanctuaires bouddhistes", un moine bouddhiste nommé Lè Zūn 樂尊 eut une vision d'un millier de Bouddhas baignant dans la lumière dorée sur le site en 366 après JC, l'incitant à construire une première grotte sur le site actuel. L'histoire se retrouve aussi dans d'autres sources, comme dans les inscriptions sur une stèle dans la grotte 332. Cependant, une date antérieure, 353 après JC, est mentionnée dans un autre document appelé le Shazhou Tujing 沙州土鏡.
Le moine Lè Zūn 樂尊 fut ensuite rejoint par un deuxième moine nommé Faliang 法良, et le site commença progressivement à grandir. Sous le règne du Liang septentrional (北凉, 397 - 439), un État de la période des Seize Royaumes, une petite communauté de moines se forma sur le site.
Les membres successifs des familles régnantes des Wei du Nord (北魏 386 - 534), dynastie de la périodes des Seize Royaumes, puis des Zhou du Nord (北周 557 - 581) construisirent de nombreuses grottes. La construction des grottes d'accélération encore sous la courte dynastie des Sui.
Sous la dynastie Tang, Dunhuang devint le principal centre de commerce de la Route de la Soie et un important centre religieux. Un grand nombre de grottes furent alors construites à Mogao, y compris les deux grandes statues de Bouddha, la plus grande datant de 695 après JC, suite à un édit de l'impératrice Wu Zetian appelant à ériger des statues géantes de Bouddha à travers le pays. A son apogée, le site ne comptait pas moins de 1000 grottes.
Elles échappèrent à la persécution des bouddhistes ordonnée par l'empereur Wuzong en 845 car la région était alors passée sous contrôle tibétain.
Après la dynastie Tang, le site connut un déclin progressif et la construction de nouvelles grottes cessa définitivement après la dynastie des Yuan. A cette époque, en effet, l'Islam avait conquis une grande partie de l'Asie centrale, tandis que la Route de la Soie perdait de son importance au fur et à mesure du développement des routes maritimes. Au cours de la dynastie Ming, la Route de la Soie fut finalement officiellement abandonnée, et Dunhuang vit sa population diminuer jusqu'à se faire oublier du monde extérieur. La plupart des grottes de Mogao furent abandonnées.
Grottes Mogao 莫高窟, Dunhuang 炖煌, Gansu 甘肃 : Fonction et Art
Initialement, les grottes servaient uniquement de lieu de méditation pour les moines ermites, puis, petit à petit, furent utilisées plus largement par les monastères qui se formaient à proximité. Déjà, sous les dynasties Sui et Tang, les grottes de Mogao devinrent des lieux de culte et de pèlerinage.
Ces grottes étaient minutieusement peintes, les peintures rupestres et l'architecture devant aider à la méditation, à mieux comprendre la quête de l'illumination grâce à ses représentations visuelles, et enfin à éduquer les analphabètes sur les croyances et les histoires bouddhiques par de simples représentations mnémotechniques et pédagogiques. Les grottes les plus imposantes étaient commanditées par des membres importants du clergé, l'élite dirigeante locale, les dignitaires étrangers, ainsi que les empereurs chinois. Les autres, plus modestes, pouvaient avoir été financées par des commerçants, des officiers militaires ou de simples quidam.
Grottes Mogao 莫高窟, Dunhuang 炖煌, Gansu 甘肃 : Période de pillage et saccage
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les explorateurs occidentaux commencèrent à s'intéresser à l'ancienne Route de la Soie et à ses villes perdues d'Asie centrale. Ceux qui passèrent par Dunhuang notèrent les peintures murales et les sculptures de Mogao. Cependant, la véritable découverte qui marqua un regain d'intérêt pour le site fut faite par un taoïste chinois nommé Wang Yuanlu 王圆箓 lorsqu'il trouva une bibliothèque secrète abritant un trésor inestimable de manuscrits.
S'étant auto-décrété gardien du site, cet ermite entreprit de dégager du sable l'accès des grottes et d'en réparer l'intérieur. Dans l'une de ces grottes, le 25 juin 1900, Wang Yuanlu découvrit une zone murée sur le côté d'un couloir qui menait à une grotte principale. Quelle ne fut pas sa surprise derrière le mur! Une caverne remplie d'une quantité énorme de manuscrits!
Au cours des quelques années qui suivirent sa découverte, Wang Yuanlu montra certains manuscrits à divers responsables qui exprimèrent un intérêt variable. En 1904, Wang Yuanlu reçut l'ordre du gouverneur du Gansu de condamner l'accès à la grotte.
Mais, en 1907, l'archéologue hongrois Aurel Stein, qui était sur une expédition archéologique dans la région, eut vent de la découverte des manuscrits. Stein négocia avec Wang le prélèvement, moyennant finance, d'un nombre important de manuscrits, et de tableaux parmi les plus beaux.
Il fut suivi par une expédition française menée par Paul Pelliot qui acquit plusieurs milliers d'objets en 1908, puis par une expédition japonaise dirigée par Otani Kozui en 1911 et enfin une expédition russe conduite par Sergei F. Oldenburg en 1914.
A noter que la collection saisie par Paul Peillot, estimée à environ 10 000 objets, se trouve aujourd'hui à la Bibliothèque nationale de France et au Musée Guimet.
Stein et Pelliot suscitèrent beaucoup d'intérêts en occident au sujet des grottes de Dunhuang tandis que les cercles officiels chinois tardèrent à prendre conscience de la valeur historique du site. Inquiets que les manuscrits restants soient perdus, des érudits chinois réussirent à persuader le ministère de l'Education de récupérer le reste des manuscrits et de les envoyer à Pékin. Cependant, tous ne furent pas apportés à Pékin, et de ceux récupérés, certains ont ensuite été volés.
Comble de malheur, certaines des grottes furent endommagées et vandalisées par des soldats russes blancs alors hébergés au sein même des grottes, à leur fuite de la guerre civile après la révolution russe. Puis, en 1924, l'explorateur américain Langdon Warner enleva un certain nombre de peintures murales et de statues. En 1939, les soldats de Kuomingtang stationnés à Dunhuang causèrent également des dommages aux peintures murales et aux statues restantes du site...
Grottes Mogao 莫高窟, Dunhuang 炖煌, Gansu 甘肃 : Une nouvelle vie
La situation s'améliora en 1941 lorsque le peintre Zhang Daqian 張大千, l'une des figures les plus brillantes et les plus riches de la peinture chinoise du XXe siècle, arriva sur le site avec une petite équipe d'assistants. Il y resta deux ans et demi pour réparer et copier les peintures murales. Il exposa et publia les copies des peintures murales en 1943, ce qui contribua à faire connaître et à donner une grande importance à l'art de Dunhuang en Chine.
L'historien Xiang Da persuada alors Yu Youren, un membre éminent du Kuomintang (Parti nationaliste chinois), de créer en 1944 l'Institut de recherche en Art de Dunhuang. En 1956, le premier Premier ministre Zhou Enlai s'intéressa personnellement aux grottes et attribua une subvention pour réparer et protéger le site. En 1961, les grottes de Mogao furent déclarées monument historique, et des travaux de rénovation à grande échelle commencèrent. Le site réussit même à échapper au saccage généralisé des sites religieux au cours de la Révolution culturelle.
Les grottes de Mogao sont devenues l'un des sites du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1987. De 1988 à 1995, 248 autres grottes furent découvertes au nord des 487 grottes connues depuis le début des années 1900.
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