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Les plus beaux endroits de Bushwick (Photos & Histoire)

Les plus beaux endroits de Bushwick (Photos & Histoire) :

Bushwick est un quartier "underground" de Brooklyn que j'affectionne tout particulièrement. Très hispanique, on se croirait à Porto Rico les soirs d'été quand les familles et amis se retrouvent autour de grand braseros faisant office de BBQ urbains, sono à fond. La gentrification du quartier ne fait que commencer ici, et l'on croise encore beaucoup de gens très pauvres, notamment à proximité des soupes populaires souvent tenues par des églises de quartier. Il n'est pas rare non plus de croiser des petites cabanes en bois dans lesquels des livres et vêtements sont à disposition des plus démunis.

C'est également l'endroit à la mode qui attire les new-yorkais les plus branchés dans les boîtes de musique techno (je peux témoigner que même à 10h00 un dimanche matin, la fête n'est pas encore finie...).

Définitivement atypique, c'est un quartier qui symbolise pour moi le New York des années 70 lorsque la désindustrialisation avait durement touché la ville.

Les plus beaux endroits de Bushwick :

 

Histoire de Bushwick :

Possession des terres natives

En 1638, la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales obtint un engagement auprès du peuple local nommé Lenape à posséder les terres qui constituent le Bushwick d'aujourd'hui. Mais ce n'est qu'en 1661 que Peter Stuyvesant accorda officiellement une charte à la zone, la nommant Boswijck, ce qui signifie "quartier dans les bois" en néerlandais du XVIIe siècle. Bushwick est la dernière des six villes hollandaises originelles de Brooklyn à avoir été établie dans ce qui s'appelait alors les Nouveaux Pays-Bas.

La communauté s'établira le 16 février 1660, avant même la publication de cette charte. Elle comptait quatorze colons français et huguenots, un traducteur néerlandais nommé Peter Jan De Witt, et l'un des onze premiers esclaves amenés aux Nouveaux Pays-Bas, Franciscus le Nègre, qui avait réussi à gagner sa liberté. Après avoir construit une petite église, ils aménagèrent la principale voie de circulation, nommée Woodpoint Road, qui permettait aux fermiers d'apporter leurs marchandises jsuqu'au quai de la ville. Les Anglais reprennent les six villes trois ans plus tard et les réunissent sous le nom de Kings County en 1683.

De nombreux registres néerlandais de Bushwick ont été perdus après l'annexion de la ville par Brooklyn en 1854. Les rapports contemporains divergent sur la raison de cette perte : T. W. Field écrit qu'"un fonctionnaire sympathique de la mairie [de Brooklyn] ... les a jetés avec mépris dans ses sacs à papier", tandis qu'Eugene Armbruster affirme que la bibliothèque mobile contenant les documents "a été convoitée par un fonctionnaire municipal, qui en a renversé le contenu sur le sol".

Au tournant du 19e siècle, Bushwick se compose de quatre villages : Green Point, Bushwick Shore (plus tard connu sous le nom de Williamsburg), Bushwick Green et Bushwick Crossroads (à l'endroit où l'actuelle Bushwick Avenue tourne vers le sud-est à Flushing Avenue).

La première grande expansion de Bushwick s'est produite après l'annexion des New Lots of Bushwick, un territoire vallonné revendiqué à l'origine par les Amérindiens dans les premiers traités qu'ils ont signés avec les colons européens. Après le déclenchement de la deuxième guerre entre les indigènes et les colons, vaincus, les Amérindiens durent fuir, laissant la région se répartir entre les six villes du comté de Kings. Bushwick disposait d'un emplacement de choix pour absorber ces nouvelles terres de manière contiguë. New Bushwick Lane (Evergreen Avenue), un ancien sentier amérindien, était une voie d'accès essentielle à cette nouvelle zone, qui se prêtait principalement à la culture de pommes de terre et de choux, délimitée en gros par Flushing Avenue au nord et Evergreen Cemetery au sud. Dans les années 1850, le quartier des Nouveaux Lots de Bushwick commence à se développer. Des références à la ville de Bowronville, un nouveau quartier situé au sud de Lafayette Avenue et de Stanhope Street, ont commencé à apparaître dans les années 1850.

Bushwick et Williamsburgh sont tous deux annexés à la ville de Brooklyn en 1854.

 

 

Les débuts de l'industrie

 

Lorsque Bushwick a été fondé, il s'agissait avant tout d'une zone d'agriculture vivrière et de culture du tabac. Avec le développement de Brooklyn et de la ville de New York, les premières usines produisant du sucre ou de l'huile s'y établirent. Des immigrants d'Europe occidentale rejoignent les premiers colons hollandais. Des dépôts de charbon, des usines de chaux, de plâtre et de briques se développent le long d'English Kills, qui a été dragué et transformé en une importante voie d'eau commerciale.

La Bushwick Chemical Works devient l'une des plus importantes usines chimiques de New York. En octobre 1867, l'American Institute lui décerne même un prix pour la qualité de ses acides, d'une grande pureté.

La Bushwick Glass Company, connue plus tard sous le nom de Brookfield Glass Company, s'établit en 1869, lorsqu'un brasseur local la vend à James Brookfield. Elle fabrique une variété de bouteilles et de bocaux, ainsi qu'un grand nombre d'isolateurs électriques en verre pour les lignes de télégraphe, de téléphone et de transport d'électricité.

Dans les années 1840 et 1850, la majorité des immigrants étaient des Allemands, qui devinrent alors la population dominante. Bushwick se dote ainsi d'une industrie brassicole importante, dont la "Brewer's Row" (14 brasseries) dès 1890, ce qui a valu à Bushwick d'être surnommée la "capitale de la bière du nord-est". Les dernières brasseries de Bushwick, Schaefer's et Rheingold, ont fermé leurs portes en 1976. Jusque dans les années 1980, des efforts ont été déployés en vain pour relancer la Rheingold Brewery. La William Ulmer Brewery, située à l'angle des rues Beaver et Belvidere, a été classée monument historique par la ville en 2010, devenant ainsi la première brasserie à bénéficier d'un tel statut.

Jusqu'en 1883, Bushwick conservait des terres agricoles ouvertes à l'est de Flushing Avenue. Une synergie intelligente s'était alors développée entre les brasseurs et les agriculteurs, les producteurs laitiers collectant les drêches et le houblon pour nourrir les vaches.

 

Arrivée du train, et première gentrification

 

En 1868, la Long Island Rail Road s'étend jusqu'à Bushwick, facilitant ainsi le transport des passagers, des matières premières et des produits finis. Des lignes rayonnent également vers Flushing, dans le Queens.

Le premier chemin de fer surélevé de Brooklyn, connu sous le nom de Lexington Avenue Elevated, fut inauguré en 1885. Son terminus est situé à la limite de Bushwick, à l'angle de Gates Avenue et de Broadway, et la ligne est prolongée vers le sud-est dans East New York peu de temps après. À la fin de l'année 1889, les lignes Broadway Elevated et Myrtle Avenue Elevated sont achevées, ce qui facilite l'accès au centre-ville de Brooklyn et de Manhattan et permet le développement résidentiel rapide de Bushwick, au sacrifice de terres agricoles.

Certains quartiers de Bushwick deviennent plus riches. Au début du XXe siècle, des propriétaires de brasseries comme des médecins ont fait construire des manoirs le long des avenues Bushwick et Irving. Même le maire de New York, John Francis Hylan, possédait à cette époque une maison de ville sur l'avenue Bushwick. Des architectes renommés sont sollicités. Bushwick devient un centre culturel, avec plusieurs théâtres de l'époque du Vaudeville, dont l'Amphion Theater, le premier théâtre du pays à être éclairé à l'électricité.

La richesse du quartier atteint son apogée entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, malgré la Prohibition et la Grande Dépression.

 

Les Siciliens remplacent les allemands

 

Après la Première Guerre mondiale, avec l'expansion de l'industrie le long de Flushing Avenue et son besoin croissant de main-d'œuvre, la population sicilienne s'est agrandie pour progressivement remplacer l'enclave allemande. En 1950, Bushwick était l'un des plus grands quartiers italo-américains de la ville de New York. La communauté italienne était presque entièrement composée de Siciliens (Palerme, Trapani et Agrigente). Chaque "ville" y créait son propre club. Le Circolo di Santa Margherita di Belice, fondé à Bushwick, reste la plus ancienne organisation sicilienne encore en activité aux États-Unis. Ces clubs ont souvent débuté comme des associations de bienfaisance mutuelle ou des sociétés funéraires, puis évoluèrent en fonction des besoins de leurs communautés de la fin des années 1800 jusqu'aux années 1960, lorsque nombre d'entre eux ont commencé à disparaître.

La paroisse catholique romaine St. Joseph Patron of the Universal Church, créée en 1923, était le centre de la communauté sicilienne et organisait cinq fêtes dans l'année, centrées sur des processions de plusieurs saints. St. Joseph reste encore aujourd'hui une grande et dynamique paroisse latino dirigée par l'ordre des prêtres Scalabrini, un ordre missionnaire italien qui s'occupe des migrants.

A l'inverse, la paroisse St. Leonard, qui était la principale paroisse catholique allemande du quartier s'est vue contrainte de fermer ses portes en 1973.

 

Transition et déclin d'après-guerre

La transition démographique de Bushwick après la Seconde Guerre mondiale a été similaire à celle de nombreux quartiers de Brooklyn. Les registres du recensement américain montrent que la population du quartier était à près de 90 % blanche en 1960, mais qu'elle est tombée à moins de 40 % en 1970. Pendant cette transition, les cols blancs ont été remplacés par ceux qui migraient du sud. Les Portoricains, les Afro-Américains et d'autres familles caribéennes s'installent dans des maisons situées à l'extrémité sud-est du quartier, au plus près d'Eastern Parkway. Au milieu des années 1950, les migrants ont commencé à s'installer dans le centre de Bushwick. L'existence de logements sociaux a permis à de nombreux quartiers de survivre à la détresse économique et sociale des années 1970.

Cette évolution démographique a coïncidé avec des changements dans l'économie locale. L'augmentation des coûts de l'énergie, les progrès en matière de transport et le passage à l'utilisation de canettes en aluminium ont incité les fabricants de bière à quitter la ville de New York. La fermeture des brasseries de Bushwick a entraîné l'érosion de la base économique du quartier.

Des discussions sur la rénovation urbaine ont eu lieu dans les années 1960, mais ne se sont jamais concrétisées. De nombreux immeubles résidentiels ont été démolis dans l'intention de les remplacer par des logements sociaux, mais rien de nouveau ne fût finalement construit à la place. Au milieu des années 1970, la moitié des habitants de Bushwick bénéficiaient de l'aide publique.

Selon le New York Times, alors que Bushwick était au milieu des années 1960 "une communauté de maisons en bois soigneusement entretenues", en l'espace de cinq ans, il est devenu "ce qui s'apparente souvent à un no man's land de bâtiments abandonnés, de terrains vagues, de drogues et d'incendies criminels".

 

Emeutes de 1977

 

Dans la nuit du 13 juillet 1977, une panne d'électricité gigantesque a touché la quasi-totalité de la ville de New York. Des incendies criminels, des pillages et des actes de vandalisme ont eu lieu dans les quartiers défavorisés de la ville. Bushwick fut durement touchée. Les dommages y furent parmi les plus importants de la ville : Si les commerçants des avenues Knickerbocker et Graham purent défendre leurs magasins, le quartier commerçant de Broadway fut quant à lui lourdement pillé et incendié. Vingt-sept magasins y furent incendiés.

Les journaux du pays entier publient des photos montrant des habitants de Bushwick avec des objets volés et un policier frappant un pilleur présumé, contribuant à donner de Bushwick une très mauvaise image. Les incendies se propagent également à de nombreux bâtiments résidentiels. Une fois les émeutes terminées et les incendies éteints, les habitant purent découvrir un quartier dévasté, aux habitations devenues dangereuses quand elles n'étaient pas détruites laissant place à de grands champs de ruines. Un journaliste décrit la scène comme "certaines rues qui ressemblaient à Brooklyn Heights, et d'autres qui ressemblaient à Dresde en 1945". Le taux d'inoccupation des commerces sur Broadway atteint 43 % au lendemain des émeutes.

Privés de magasins, les habitants de la classe moyenne qui en avaient les moyens quittèrent le quartier, dans certains cas en abandonnant même leur maison. De nouveaux immigrants s'installèrent, souvent en provenance de l'Amérique hispanique. Faute d'emploi, un commerce illégal de la drogue gangrène le quartier, l'entraînant dans une spirale toxique.

L'auteur Jonathan Mahler a décrit les difficultés sociales et économiques de Bushwick après la panne dans son livre Ladies and Gentlemen, the Bronx is Burning, expliquant que la majorité des habitants du quartier vivaient avec moins de 4 000 dollars par an et devaient compter sur une forme ou une autre d'aide publique. Dans les années 1980, le quartier commerçant de Knickerbocker Avenue était surnommé "The Well" (le puits) en raison de son approvisionnement apparemment ininterrompu en drogues. Même dans les années 1990, le quartier, resté pauvre, était encore dangereux, avec 77 meurtres, 80 viols et 2 242 cambriolages en 1990.

 

Deuxième gentrification

 

Depuis 2000, la hausse des prix de l'immobilier dans la ville voisine de Manhattan a rendu Bushwick plus attrayant. Dans le sillage de la baisse du taux de criminalité à l'échelle de la ville et de la pénurie de logements abordables dans les quartiers voisins tels que Park Slope et Williamsburg, de nombreux jeunes cadres et artistes ont emménagé dans des lofts d'entrepôts reconvertis, des brownstones, des maisons de ville en briques calcaires et d'autres bâtiments rénovés à Bushwick.

Une communauté d'artistes florissante draine des dizaines de studios d'art et de galeries disséminés dans tout le quartier. Plusieurs programmes d'ateliers ouverts sont organisés pour permettre au public de visiter les ateliers et les galeries d'artistes, et plusieurs sites web sont consacrés à la promotion de l'art et des événements du quartier.

Au milieu des années 2000, la ville et l'État ont lancé l'initiative Bushwick, un programme pilote de deux ans dirigé par le département de la préservation et du développement du logement (HPD) de la ville de New York et divers projets communautaires. L'objectif du groupe était d'améliorer la qualité de vie dans les vingt-trois pâtés de maisons entourant le parc Maria Hernandez grâce à divers programmes tels que le traitement des conditions de logement dégradées, l'augmentation des opportunités de développement économique et la réduction des activités de trafic de drogue.

Pour réduire les risques liés au plomb dans les bâtiments, le HPD et le DOHMH ont créé un programme de subventions axé sur les bâtiments résidentiels tout en infligeant des amendes à des dizaines de propriétaires n'ayant pas engagé les actions nécessaires de remise à la norme. Les efforts de développement économique de l'initiative de Bushwick se sont également concentrés sur la revitalisation du quartier commercial de Knickerbocker Avenue et sur l'ajout d'un millier de poubelles publiques résistantes aux rats afin de réduire les déchets.

En 2019, le département de l'urbanisme de la ville de New York a publié un plan de rezonage de Bushwick couvrant 300 pâtés de maisons. Le plan permettrait un développement à haute densité sur Broadway et les avenues Myrtle et Wyckoff.

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