Ancien Temple Na Tcha 哪吒古庙, Macao 澳门
L'ancien temple Na Tcha 哪吒古庙 est dédié au culte de la divinité Na Tcha, un enfant dieu et patron des enfants, qui serait, en fin de compte, lié à deux divinités hindoues: Nalakubara et le dieu enfant Krishna. Il aimait défier l'autorité et même se moquer du pouvoir divin. Personnalité jeune et rebelle, il était l’un des rares dieux à conserver une certaine faveur officielle en tant que figure culturelle populaire en Chine durant les années 1960 et 70.
La légende veut qu'il soit apparu près de cet endroit sur la Calcada das Verdades, d'où la construction du temple en son honneur.
Ce temple ne doit pas être confondu avec le temple Na Tcha, situé lui à côté des ruines de Saint-Paul.
Ancien Temple Na Tcha 哪吒古庙, Macao 澳门 : Religion traditionnelle Chinoise
Na Tcha est associé d'abord à la religion traditionnelle chinoise. Mais si l'on regarde sur un plan de Macao, on verra que ce temple est qualifié de bouddhiste. Par ailleurs, Na Tcha possède un nom officiel taoïste, qui est "Maréchal de l'Autel central". Et Na Tcha est lié à des dignités hindouistes. Alors, ce temple est-il hindouiste, bouddhiste, taoïste ou bien lié à la religion traditionnelle chinoise?
Pour tenter de répondre à cette question, je vais d'abord tenter de décrire la religion traditionnelle chinoise et ses liens avec le bouddhisme et le taoïsme. Je m'appuierai sur plusieurs sources issues de Wikipedia pour aborder cette discussion.
La religion traditionnelle chinoise (中国民间信仰) est une religion polythéiste syncrétiste qui était largement pratiquée avant 1949 par une majorité de Han en Chine. Cette religion est restée très vivante dans les zones de peuplement chinois en dehors de la Chine populaire, comme Taïwan, Macao ou Hong-Kong. En Chine, après le coup d’arrêt donné à la transmission des traditions, notamment suite à la révolution culturelle, la reprise du culte s’y est faite dans un cadre plus restreint qu'auparavant. Aujourd'hui, 5 dénominations religieuses seulement sont reconnues et représentées par un organisme officiel chinois: taoïsme, bouddhisme, islam, protestantisme, et catholicisme (sans la reconnaissance de l'autorité de Rome). La religion traditionnelle chinoise dans son ensemble ne jouit donc d'aucun statut officiel.
Née dans une région du monde où l'adhésion exclusive à une confession est une pratique presque inconnue, la religion traditionnelle chinoise repose sur une vision de l'univers et de la place qu'y occupe l'être humain partagée par tous. Ses croyances et pratiques, transmises de génération en génération, sont le résultat du mélange de toutes sortes d'influences. Il s’agit d’un fond religieux commun que les Chinois ne nommaient pas. Cette absence de nom propre, tout comme l'absence de règles précises, l'ont rendue absente de presque toutes les statistiques sur les religions d'Asie, ses fidèles étant enregistrés dans les catégories « taoïste » ou « bouddhiste », voire « confucianiste ». Néanmoins, certains sources affirment qu'au moins 394 millions pratiquent à leur manière cette religion à travers le monde.
Le monde chinois n'a donné de nom propre qu'aux écoles (教, jiào), notion plus large que religion. L'école est avant tout une organisation qui suppose un maître et des disciples, et son enseignement n'est pas toujours de nature religieuse (confucianisme par exemple). En réalité, la religion traditionnelle chinoise en tant que telle n'a pas vraiment de clergé, au point que pour célébrer les fêtes, suivant les régions, on fait souvent appel à un prêtre taoïste ou bouddhiste. Ainsi, en parallèle du taoïsme ésotérique et mystique et du bouddhisme spirituel, il existe des versions « populaires » de ces cultes qui alors admettent l'existence des démons et des fantômes.
Le taoïsme est resté un ensemble d’écoles et non une confession religieuse à proprement parler. En effet, son expansion, accompagnée d'une structuration institutionnelle et idéologique croissante qui aurait pu le détacher définitivement du reste du système religieux et en faire une religion individualisée, a été stoppée à partir de l'époque Ming par l'hostilité croissante des autorités à son égard. Dans le monde chinois, seules se présentent comme taoïstes les personnes qui se sont engagées comme disciples auprès d'un maître taoïste (dàoshì 道士) qui leur enseigne ses pratiques, ou ce maître lui-même. Les taoïstes appartiennent à l'ensemble des fidèles de la religion traditionnelle, dont ils constituent le pôle philosophique (ou plus souvent, il faut bien le dire, magique, voire un peu sulfureux). Inversement, le fidèle qui n'est pas disciple ou maître ne se désignera jamais comme taoïste, même s'il pratique dans le cadre de sa vie religieuse de nombreux rites d'origine taoïste.
De même, l'identification « bouddhiste » est ambiguë. En effet, la vision de l'univers et de la destinée humaine qu'offre la religion traditionnelle est très semblable à celle du bouddhisme Mahayana, qui l'a d'ailleurs beaucoup influencée : univers impersonnel, renaissances successives dans un état dépendant des actes de la vie antérieure, divinités secourables (au nombre desquelles on compte des bodhisattvas) se situant dans un état supérieur à l'état humain, plus proche de la libération finale. Ainsi, un fidèle de la religion traditionnelle chinoise peut très bien prier le bouddha Amituofo ou la très populaire déesse Guan Yin (觀音), version féminisée d'Avalokiteshvara, sans lire les sûtras ni suivre de pratique proprement bouddhique (méditation, alimentation végétarienne par exemple). D'un autre côté, une personne qui s'estime suffisamment engagée dans la voie bouddhique pour s'en réclamer continuera souvent les pratiques de la religion traditionnelle, particulièrement dans le cadre de ses activités en tant que membre de la communauté familiale ou sociale. Une enquête effectuée pour l’Academia sinica de Taïwan vers la fin des années 1980 indiquait que 35 % des personnes qui se déclaraient « bouddhistes » avaient en fait des pratiques et croyances qui les rangeraient plutôt dans ce qu’on appelle le « bouddhisme populaire », religion traditionnelle teintée de bouddhisme.
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