C'est le plus grand des jardins de Suzhou (5 ha). Son nom s'inspire d'une ancienne maxime qui rappelle la sagesse du vieillard de Voltaire dans Candide : "Cultiver son jardin pour subvenir à ses besoins quotidiens, voilà ce qu'on appelle la politique des simples". Créé en 1506 pour un censeur général, Wang Xianzheng, qui vint se retirer à Suzhou après avoir été accusé de corruption et renvoyé de la cour impériale, il fallut 16 ans pour l'aménager. Un peintre lettré renommé, Wen Zhengming, ami de Wang Xianzheng, aurait participé à la conception de ce jardin dont l'architecture s'inscrit dans la plus pure tradition classique, sans le baroquisme des jardins dessinés plus tard (par exemple au palais impérial de Beijing, qui date du XVIIIe siècle). Tout, ici, est conçu comme une peinture lettrée, avec un constant souci de garder une harmonie entre les espaces "vides" et "pleins". Plus de la moitié de la surface du jardin est occupée par de l'eau. Des floralies y sont régulièrement organisées.
On découvre toute la splendeur du jardin après avoir contourné une colline artificielle qui forme un écran à l'entrée pour ménager un effet de surprise. Sans elle, le jardin, révélé au premier coup d'oeil, perdrait de son attrait. En prenant à droite, après l'entrée, on découvre la partie orientale, qui propose de larges perspectives dans un espace moins construit que le côté Ouest.
A droite, un kiosque à quatre portes rondes, dit Retraite à l'ombre des bambous, abrite une inscription de l'époque Qing signifiant : "On emprunte la fraîcheur de la brise et la clarté de la lune. On contemple les eaux murmurantes et la montagne silencieuse". Sur le lac, deux îlots sont reliés par des ponts en zig-zag qui permettent de contempler le jardin sous divers angles.
Sur une colline artificielle, se dresse le Pavillon entouré de fleurs et d'oiseaux sauvages ; les deux sentences parallèles inscrites sur la colonnade reproduisent les vers d'un poème des Liang du Sud (397-414), calligraphié par Wen Zhengming : "Le chant des cigales rend plus calme la forêt . Le gazouillis des oiseaux apporte plus de paix dans la montagne".
Au fond du jardin, le Pavillon où l'on s'arrête pour écouter la pluie, doit son nom à une poésie de Li Shangyin (812-859) qui évoque les gouttes tombées sur les feuilles de lotus sèches. Il abrite une dentelle en bois de gingko, arbre autrefois sacré en Chine.
On peut ensuite revenir vers l'entrée en longeant l'autre rive du lac. On passe alors devant le Pavillon des Canards mandarins, placé sous le signe de l'harmonie conjugale (le canard est le symbole de la fidélité entre époux). C'était un salon de musique à l'acoustique exceptionnelle du fait de l'eau qui entoure le pavillon.
Un peu plus loin, on passe un pont-corridor, dit Petit Arc-en-ciel, qui mène au Kiosque des Parfums lointains, très beau pavillon sans murs pour mieux apprécier les vues latérales.
Laisser un commentaire