La croissance du pays au deuxième trimestre sera connue officiellement mercredi. Les économistes attendent un taux un peu en dessous de 7% à 6,9%, soit la plus faible croissance trimestrielle depuis 2009 pour le pays.
La croissance de la Chine aurait encore ralenti au deuxième trimestre, selon un panel d’analystes interrogés par l’AFP, la deuxième économie mondiale restant plombée par une consommation terne, l’essoufflement des investissements et le plongeon du commerce extérieur. Le Produit intérieur brut (PIB) de la Chine a enregistré sur les trois mois d’avril à juin une croissance de 6,9%, selon la prévision médiane de quatorze économistes et experts, après une progression de 7% au premier trimestre.
Si la statistique officielle -qui sera publiée mercredi par le gouvernement- devait confirmer ce chiffre, il s’agirait de la plus faible performance trimestrielle de la Chine depuis 2009. De l’avis général, la conjoncture reste maussade, et le récent effondrement des Bourses locales n’a rien fait pour éclaircir le tableau. La place shanghaïenne a chuté de plus de 30% en l’espace de trois semaines, dans un climat d’affolement général. Mais l’impact de ce krach spectaculaire sur l’économie réelle devrait dans l’immédiat rester limité.
Si plus de 90% des investisseurs sur les Bourses chinoises sont des particuliers, «l’exposition des ménages aux marchés d’actions est malgré tout relativement modeste», soulignait Wei Yao, de Société Générale. Seuls 6% du total des économies des ménages est placé en Bourse, estimait-elle. Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics, renchérit: «étant donné que l’envolée des Bourses (+150% en un an) n’avait pas notablement soutenu la croissance économique, il n’y a pas de raison que le dégonflement boursier ait davantage d’effet».
Investissement à la traîne
Pour autant, personne ne s’attendait à une quelconque embellie dans les statistiques du mois dernier. «La production industrielle a sans doute crû au même rythme qu’en mai (…) et les investissement en capital fixe ont pu accélérer très légèrement», mais l’activité économique «reste faiblarde», prédit Li-Gang Liu, de la banque ANZ. Et de pointer la frêle progression de ces investissements sur l’ensemble du premier semestre, au plus bas depuis des années, alors même que recule le volume des prêts bancaires, «signe de la défiance des établissements financiers», selon M. Liu.
De fait, les investissements dans les infrastructures pâtissent «du manque de liquidités des gouvernements locaux», souligne pour sa part Li Ruoyu, analyste d’un think-tank gouvernemental. «Leurs capacités d’emprunt sont sérieusement limitées», en raison de nouvelles restrictions imposées par Pékin pour endiguer l’endettement public, expliquait-elle à l’AFP. Enfin, avec l’essoufflement persistant du commerce extérieur chinois, qui s’est contracté de quasiment 7% au premier semestre, c’est un autre pilier traditionnel de la croissance chinoise qui se fissure.
Turbulences boursières
Les turbulences boursières pourraient par ailleurs raviver la «finance de l’ombre» -moyens de crédit non régulés- et accroître les dettes des entreprises privées, dont beaucoup avaient utilisé leur portefeuille d’actions comme collatéral pour des emprunts. Le marché immobilier connaît certes un modeste rebond, avec une hausse des prix des logements neufs en juin, «mais c’est encore sans effet sur la consommation et l’investissement», relevait Li Ruoyu. De l’avis général, la banque centrale (PBOC) pourrait donc se trouver encore une fois condamnée à secourir à bout de bras l’activité –après avoir déjà abaissé à quatre reprises depuis novembre ses taux d’intérêts.
«On n’attend pas de nouveaux assouplissements monétaires au troisième trimestre (…) mais si les indicateurs de juin déçoivent, les chances de voir la PBOC agir vont automatiquement se renforcer», soulignait-on chez Société Générale. «Nous ne prenons pas les défis de la croissance à la légère, nous avons la capacité de contenir l’économie dans une fourchette raisonnable», a d’ailleurs récemment assuré le Premier ministre Li Keqiang.
Pour l’ensemble de 2015, le panel d’analystes prévoit en moyenne une croissance de 7% -ce qui correspond à l’objectif que s’est fixé Pékin. Ce serait la plus faible croissance chinoise depuis un quart de siècle.
Face au marasme économique, «des mesures de soutien supplémentaires seront prises, ce qui repoussera encore les réformes structurelles», avertissait cependant Li-Gang Liu. De fait, Pékin vante volontiers la «nouvelle normalité» d’une croissance ralentie et ses efforts de rééquilibrage, destinés à doper la consommation, le secteur des services et l’industrie haut-de-gamme, et à rogner les groupes d’Etat au profit du secteur privé.
Mais les autorités s’efforcent désormais d’éviter une détérioration trop brutale de la conjoncture et –c’est leur priorité avouée– de soutenir le marché de l’emploi.
Source : Pourquoi la Chine enregistre un ralentissement de sa croissance
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