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Gaochang 高昌 قۇچۇ, Turpan 吐鲁番, Xinjiang 新疆

Gaochang 高昌 قۇچۇ, Turpan 吐鲁番, Xinjiang 新疆 : une histoire plus que mouvementée, accrochez-vous!

Gaochang (Gāochāng 高昌قۇچۇ), aussi appelée Karakhoja, Qara-hoja, Kara-Khoja, ou Karahoja, est le site d'une ancienne oasis sur la rive nord du désert inhospitalier de Taklamakan, à 30 km au sud-est de Turpan. L'ancienne cité est souvent considérée comme ayant été une «colonie chinoise», au milieu d'une région autrefois occupée par les peuples d'Eurasie occidentale. C'était en tout cas une plaque commerçante importante, point obligé de passage et de halte pour les caravaniers voyageant sur la route de la soie, jusqu'à sa destruction au XIVè siècle.

Gaochang 高昌 قۇچۇ, Turpan 吐鲁番, Xinjiang 新疆
  • Période des Gushi :

Sa fondation est liée au premier peuplement connu de la région, que furent les Gushi (ou Jūshī 車師) dont les traces les plus anciennes sont décrites sous la dynastie de Han (206 av. JC, 220 ap. JC), avec son établissement au 1er siècle avant JC. 

  • Période des 16 Royaumes :

En 327, les Gushi firent allégeance aux chinois et une commanderie y fut créée par l'état du Liang antérieur (Qián Liáng 前凉 320 - 376), un état de la période des Seize Royaumes de la Chine, durant la dynastie Jin (265 - 420). Cette colonie chinoise, forte de sa garnison militaire, organisa la distribution des terres en plusieurs divisions tandis que les premiers Han en provenance du corridor Hexi (province du Gansu) et des plaines centrales venaient s'y installer.

Mais instable était la période.

Gaochang 高昌 قۇچۇ, Turpan 吐鲁番, Xinjiang 新疆
  • Période des Ruanruan :

Le nord de la Chine se scinda en plusieurs états et Gaochang fut dirigée tantôt par l'état du Liang antérieur, par l'état du Qin antérieur ou par celui du Liang du nord. En 439, les dirigeants du Liang du nord s'enfuirent à Gaochang où ils conserveront le pouvoir jusqu'en 460, date à laquelle ils seront définitivement défaits par les Ruanruan (róurán 柔然, littéralement : « juste et souple », une confédération de tribus nomades des frontières septentrionales de la Chine de la fin du IVè siècle jusqu’à la fin du VIè siècle.

A l'époque de sa conquête par les Ruanruan, il y avait plus de dix mille familles chinoises Han vivant à Gaochang. Le pouvoir de cette confédération étant basé en Mongolie, ils nommèrent pragmatiquement un Chinois Han, nommé Kan Bozhou, pour régner en tant que roi de Gaochang à partir de 460, qui devint un royaume vassal. Yicheng et Shougui furent les deux derniers rois de la famille chinoise Kan à gouverner Gaochang.

  • Période des Gaoche :

A cette époque, le Gaoche (高 車), une confédération de neuf peuples turcs d'Asie centrale (480 - 540) recouvrant pour sa majeure partie, le sud-est de l'actuel Kazakhstan, ainsi qu'une partie de la Chine, Russie et Mongolie, se souleva pour défier le pouvoir des Ruanruan dans le bassin du Tarim - sud-ouest du Xinjiang. Le roi Gaoche Afuzhiluo (阿 伏 至 羅) tua le roi Kan Shougui et nomma un Han de Dunhuang, nommé Zhang Mengming (張孟明), comme son propre roi vassal de Gaochang. Gaochang passa ainsi sous la domination Gaoche.

Plus tard, Zhang Mengming fut tué lors d'un soulèvement du peuple de Gaochang et remplacé par Ma Ru (馬 儒). En 501, Ma Ru fut à son tour renversé et tué, et les gens de Gaochang nommèrent Qu Jia (麴 嘉), originaire de Jincheng 金城 (province du Gansu), comme leur roi. Qu Jia prêta d'abord allégeance aux Ruanruan, mais il fut bientôt tué par les Gaoche! Le peuple du donc se soumettre à nouveau à la seigneurie Gaoche...

  • Période des Göktürks (les turcs bleus) :

Les Göktürks étaient originaires des monts Altaï. Ils étaient alors connus pour être des vassaux des Ruanruan et travaillaient pour leurs suzerains comme forgerons. Mais ils finirent par s'émanciper pour finalement ravir le pouvoir dans la région au Gaoche. La dynastie Qu de Gaochang devint alors vassale des Göktürks!

  • Sinisation progressive, parfois mal acceptée :

Tandis que les peuplades situées plus à l'ouest de Gaochang restèrent principalement de caractère indo-iranien, Goachang, plus proche de l'empire chinois, fusionna graduellement sa culture avec la sino-civilisation de la dynastie Tang. Pourtant, en 607, lorsque le souverain de Gaochang Qu Boya rendit allégeance à la dynastie Sui, sa tentative de sinisation accélérée provoqua un coup d'état qui le renversa. La famille Qu fut restaurée six années plus tard, et son successeur, Qu Wentai, put continuer son travail de sinisation.

Le royaume de Gaochang fut alors peuplé par de plus en plus de colons chinois Han et gouverné selon les règles en vigueur au sein de l'empire du milieu, ce qui n'empêchait pas pour autant des alliances matrimoniales avec les turcs. Et c'est ainsi que, craignant l'expansion des Tang, Qu Wentai forma plus tard une alliance avec les Turcs occidentaux pour se rebeller contre la suzeraineté des Tang...

Instable était la période, n'est-ce pas!

L'empereur Taizong envoya alors une armée dirigée par le général Hou Junji contre le royaume en 640, et Qu Wentai mourut, selon la légende rien que par la nouvelle de l'armée qui s'approchait. Gaochang fut alors annexée par la dynastie Tang et transformée en une sous-préfecture de Xizhou (西 州), garantissant ainsi aux chinois un accès totalement sous-contrôle au bassin du Tarim.

Gaochang 高昌 قۇچۇ, Turpan 吐鲁番, Xinjiang 新疆
  • Une percée des Tibétains, avant l'arrivée des Ouïgours :

La dynastie Tang devint très affaiblie suite à la rébellion du général An Lushan, et en 755, les Chinois furent forcés de retirer leurs soldats de la région qui fut d'abord prise par les Tibétains.

Mais, en 840, le royaume est occupé par ce qui restaient des Ouïghours Khaganat qui après avoir occupés la Mongolie pendant à peu près un siècle, battirent en retraite après leur défaite face aux Yenisseï Kirghizes. Les Ouïghours établirent alors le royaume de Qocho en 850 (les dates varient selon les sources). Les Ouïgours se convertirent au bouddhisme et parrainèrent la construction de temples nichés au sein de grottes, dont la plus célèbre de la région, celle des Mille Bouddhas de Bezeklik, où des représentations des commanditaires ouïgours de l'époque peuvent être vues. Ces rois bouddhistes ouïgours conservèrent leur mode de vie nomade, résidant à Qocho pendant l'hiver, mais déménageant dans la fraîcheur - toute relative - de Bishbalik près d'Urumchi durant les étés.

  • Période des Kara-Khitans :

Le royaume de Qocho devint plus tard un état vassal des Kara-Khitans, une branche du peuple proto-mongol des Khitans qui avait créé en Chine la dynastie des Liao (907-1125).

  • Période de l'empire Mongol :

En 1209, Baurchuk Art Tekin offrit à Gengis Khan, le fondateur de l'empire Mongol,  la suzeraineté de son royaume, et se rendit personnellement à Gengis Khan avec un tribut considérable en 1211. Les Ouïghours entrèrent ainsi au service des Mongols, qui formeront plus tard la dynastie des Yuan en Chine. Les Ouïghours devinrent des bureaucrates (semu) de l'Empire mongol et leur écriture ouïghour fut modifiée pour le mongol. Sous cette période, les ouïgours de Gaochang étaient majoritairement des chrétiens.

La région de Gaochang fut conquise par les Mongols du Khanat de Djaghataï, une dynaste mongole fondée par le deuxième fils de Gengis Khan et qui recouvrait l'Asie centrale au sens large. Ils en prirent le contrôle de 1275 à 1318.

Il semble que la ville fut détruite au XIVe siècle.

Gaochang 高昌 قۇچۇ, Turpan 吐鲁番, Xinjiang 新疆 : un superbe site archéologique

Les murs de la ville, en terre et d’une épaisseur de 12 mètres, forment un carré de 5 kilomètres de long et mesurent près de 11 mètres de hauteur. La ville était divisée en trois parties : la ville extérieure, le centre-ville, et le palais. Au total neuf portes se trouvaient aux quatre points cardinaux : trois au Sud et deux aux trois autres points cardinaux. La partie Ouest reste la mieux préservée. Au Sud-Ouest on peut encore apercevoir un grand monastère bouddhique et à côté d’une pagode en pisé on peut imaginer l’ancien palais semi-enterré dont il reste encore une structure de deux étages.

Gaochang 高昌 قۇچۇ, Turpan 吐鲁番, Xinjiang 新疆

Comme son nom l’indique, il s’agit de ruines mais il en reste suffisamment pour vous donner une idée de l’ampleur de la ville. Des fouilles ont également permis de retrouver des ouvrages en ouïgour classique, en sanskrit, en chinois et en tibétain.

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