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La tribu des Hakkas, Kè Jīa Rén 客家人 et leurs habitations en terre Tu Lou, Tǔ Lóu 土楼

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3 heures de routes, droites puis sinueuses, depuis Xiàmén sont nécessaire pour rejoindre, au sud-ouest, la région montagneuse (sommets culminants à 1400 m) du Mǐnxī 闽西, territoire des Hakkas depuis leurs premières migrations vers le Sud au IXe siècle.

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Disséminées sur plus de 120 km, dressées au milieu de rizières, de champs de thé ou de tabac, les Tu Lou (Tǔ Lóu), habitations en terre de plusieurs étages, circulaires ou carrées, pouvant abriter jusqu’à 800 personnes, surprènent et fascinent par leur silhouette insolite. Construites dans un but défensif, autour d’une cour centrale avec des fenêtres ouvertes vers l’extérieur seulement à partir du 1er étage et une seule entrée, servant d’habitation à tout le clan, les Tǔ Lóu fonctionnaient comme des entités villageoises et étaient aussi appelées « petits royaumes familiaux » ou « petites villes prospères ».

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Les Tǔ Lóu présentent des murs de boue fortifiés couverts par des toits de tuiles avec de larges avant-toits en surplomb. Les constructions les plus élaborées datent des XVIIe et XVIIIe siècles. Les bâtiments étaient divisés verticalement entre les familles qui disposaient chacune de deux ou trois pièces à chaque étage. Contrastant avec l’aspect sobre de l’extérieur, l’intérieur des Tǔ Lóu étaient conçu pour le confort et souvent richement décoré. Ces édifices sont inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco en tant qu’exemples de bâtiments exceptionnels de par leur taille, leur tradition de construction et leur fonction, ils constituent un exemple unique de peuplement humain, fondé sur une vie en communauté et des besoins défensifs tout en maintenant une relation harmonieuse avec leur environnement.

 

Qui sont les Hakkas?

Les Hakkas sont un groupe ethnique vivant dans le sud-est de la Chine, à cheval entre les trois provinces du Guǎngdōng, du Fújiàn et du Jiāngxī . Les Hakkas sont des Han, au parler très distinctif, natifs de la Chine du Nord, qui ont migré en vagues successives à partir du IXe siècle toujours plus vers le Sud-Est où ils vivent aujourd'hui.

Confrontés aux colons fondateurs ayant déjà accaparés les zones les plus propices à la culture, ils durent s'établir sur les sols les plus ingrats, dans les régions montagneuses. Cette ségrégation a beaucoup contribué à souder leur communauté. Elle leur a également valu ce sobriquet Hakkas, prononciation méridionale du mandarin Kè Jīa, qui signifie "hôte".

Souvent pauvres, les Hakkas étaient rarement propriétaires de leurs champs. Nombreux étaient ceux qui, criblés de dettes, abandonnaient la terre pour devenir "coolie" -porteur- dans les ports du littoral. Privés d'emploi lors du déplacement du commerce international vers Shànghǎi, des milliers de Hakkas, poussés par la misère, mibrèrent vers Cuba, l'Amérique Continentale et l'Australie. La majorité des "Chinois" habitant dans nos DOM-TOM sont ainsi des Hakkas d'origine.

Une diaspora de riches Hakkas vivant à l'étranger s'est ensuite formée et de nombreux personnages influents de part le monde, tant sur le plan politique qu'économique, sont Hakkas.

En Chine, le plus célèbre des Hakkas est, sans conteste, Dèng Xiǎopíng.

3 étapes de migration, 3 types d'habitation :

Maison des 5 phénix Wǔ Fèng Lóu 五鳳樓

Lorsque les premiers Hakkas se sont établis au Fújiàn, ils ont occupé la charge de fonctionnaires à la cour impériale. Ils avaient les moyens de construire des maisons extrêmement luxueuses au décor raffiné sur le modèle de la cour. Il est peu probable qu’ils auraient pu le faire sans l’autorisation de l’empereur, sous peine de risquer leur vie pour profanation de la cour impériale.

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On estime qu’en tout, il en existe 20 000, plus de 4 fois le nombre de constructions en terre circulaires. L’expression « cinq phénix » réfère à cinq types d’ « oiseaux » de cinq couleurs différentes : rose, jaune, vert, violet et blanc. Elle symbolise aussi le Nord, l’Est, le Sud, l’Ouest et le Centre, d’où le nom « cinq phénix ».

Les constructions des cinq phénix sont habituellement bâties face à une rivière et sur une pente. A l’arrière, on trouve d’ordinaire un potager. L’étang sert à la lessive, à l’irrigation du jardin et à l’aquaculture. En général, le toit est recouvert de Wǎ de couleur verte (瓦 tuiles) et les murs sont blancs.

Les constructions en terre circulaires

Au cours de l’étape intermédiaire de migration, les Hakkas ont perdu le soutien de la cour impériale. Ils ont dû se mesurer à la population locale à armes égales (ou plus exactement, en position d’infériorité). Privés de la protection de l’empereur (lui-même en difficulté), ils étaient souvent attaqués par les autochtones, désireux de saisir leur récolte de tabacs, alors objet de luxe.

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C’est pour repousser ces derniers qu’ils ont bâti les maisons circulaires à la structure défensive. Chaque grande famille se regroupait et vivait ensemble. Sous la dynastie des Yüan, les Mongols attaquèrent les maisons circulaires. Selon les Histoires des Yüan, parmi les 10 attaques lancées par les troupes mongoles, 9 ont échoué. On dit également que sous la dynastie Míng, lorsque les pirates japonais pénétraient dans les régions côtières, ils ne s’attaquaient jamais aux constructions en terre des Hakkas.

Les Hakkas jugeaient l’union familiale très importante. Dans la grande salle des maisons circulaires, ils plaçaient les tablettes de Mazhǔ la déesse de la mer, et de leurs ancêtres. Le travail laborieux et l’assiduité dans les études étaient les deux préceptes fondamentaux des Hakkas. Ils ont la conviction de descendre des mêmes ancêtres et d’une même racine millénaire. Ceux qui habitent la même maison sont issus d’une même famille et portent le même nom. On dit que si tous les frères ont un même cœur, la terre devant la porte peut se transformer en or. Cela reflète la solidarité des Hakkas et leur volonté de progresser sans cesse.

Ces constructions de forme ronde se divisent en trois catégories : petite, moyenne et grande.

  • Les petites comprennent généralement 2 à 3 étages et un seul cercle.
  • Les moyennes, hautes de 3 à 4 étages, présentent un vaste espace intérieur ouvert (un seul cercle) ou deux cercles.
  • Les grandes comportent 4 à 5 étages et peuvent former jusqu’à trois cercles.

Quant au nombre de pièces, les plus petits bâtiments en comptent environ 12 à 18, les petits 21 à 28, les moyens 30 à 40, les grands 42 à 58, et les très grands 60 à 72. Deux tiers des constructions circulaires possèdent 3 étages et peuvent accueillir environ 20 familles, soit une centaine de personnes.

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La construction circulaire est une résidence communautaire, comprenant d’ordinaire une entrée principale et un mur d’une épaisseur d’environ un mètre (et parfois 1,5m). La porte d’entrée principale est renforcée par une plaque en fer et fermée par 2 barres de bois horizontales. Ces dernières rentrent dans les murs afin de permettre l’ouverture de la porte.

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L’entrée s’ouvre sur une immense cour centrale où donnent toutes les portes et les fenêtres intérieures.

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Les pièces du rez-de-chaussée servent de cuisines et de salles à manger. Le premier étage est réservé au stockage. Les chambres se trouvent au deuxième étage. Toutes les pièces sont identiques. Chacune d’entre elles donne sur une entrée circulaire ouverte. En général, 4 escaliers permettent de passer d’un étage à l’autre.

 

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Ainsi, chaque famille occupe une unité verticale, avec la cuisine en bas, les locaux de stockage et à usage divers au 1er, les chambres au 2e et aux niveaux supérieurs. Une pièce classique mesure de 10 à 13 m2. Dans les grands bâtiments, elle atteint environ 15 m2.

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Les fenêtres donnant sur l’extérieur sont petites, l’ouverture du mur extérieur étant plus étroite que celle du mur intérieur, ce qui permet d’exercer une plus large surveillance depuis la maison. Il est extrêmement difficile d’entrer par les fenêtres, dont le rez-de-chaussée est par ailleurs généralement dépourvu.

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Si la construction circulaire est assez grande, elle comprend un cercle intérieur, sorte de rond dans un rond. Les bâtiments datant d’avant le 15e siècle présentent d’autres caractéristiques défensives permettant de résister à un siège.

Le matériau de base de construction était la terre collée avec du riz glutineux. Les maisons de 4 étages mesurent plus de 10m de haut et ont un diamètre pouvant atteindre les 77m! Grâce à l’épaisseur des murs calorifuges, il y fait frais en été et doux en hiver.

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Au centre du Tǔ Lóu, se trouve la salle ancestrale, lieu public où les habitants de la maison célèbre les mariages ou organise les funérailles…. Tout est fait en sorte que les habitants de la maison ne sortent pratiquement jamais : puits, salles de bains et moulins sont situés à l’intérieur du bâtiment.

Il n'est pas rare non plus de voir une variante du Tǔ Lóu, le bâtiment rectangulaire ou carré qui garde les mêmes fonctionnalités.

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Maisons plates Píng Fáng 平房

Lors de l’étape finale de la migration, les Hakkas se sont plus ou moins intégrés à la population locale. Le besoin de protection et de défense se faisant moins sentir, ils ont construit des maisons plates, symbole d’ouverture et de leur volonté de nouer des liens d’amitié avec les autochtones.

Ces maisons sont également apparues au début comme habitations des classes inférieures (serviteurs, fonctionnaires de bas rang) qui accompagnaient les dignitaires pendant la migration vers le sud.

 

Nos visites de Tǔ Lóu :

 

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